Tuesday, May 5, 2015

La plus ardue question

           Le monde va mal. Où allons-nous? Qui sait vraiment? Et si l'on n'attends pas le messie, quoi faire?

           Dans La Méthode, Edgar Morin écrit que nous devrions nous diriger vers un "société hypercomplexe" où nos différences, au lieu de servir de causes de guerre, seront célébrées. Elles deviendront des outils pour mieux comprendre un monde complexe et évolutif. Ayant des connaissances plus complexes, nous ferons une meilleure gestion du monde. (voir note 1)


L'auto-organisation dans la nature: une "murmuration"  d'étourneaux.

           Considérons les cultivars (semences) traditionnels. Les anciennes semences sont moins productives mais plus robustes que les variétés homogénéisées, mondialisées, par les géantes de l'"agriculture" industrielle. Elles recèlent plus de variations génétique que les variétés commercialisées. Il faut sauver leur patrimoine génétique précieux! Leur richesse génétique sera fort probablement utile pour adapter aux changements climatiques déjà en cours. La diversité - génétique dans ce cas - est une richesse. Edgar Morin a eu la sagesse de le voir..


quelques variétés autochtones de la pomme de terre (Amérique du Sud) !!

           Mais revenons à la situation du monde.. Partout, on voit la recrudescence de la vision étriquée. De plus en plus, il me semble, nous voyons le monde en noir et blanc. Il y a des "bons" et des "mauvais", c'est "nous" contre "eux". 

          Je pense pense aux fanatiques religieux qui pullulent un peu partout: le Moyen Orient, la France, les États-Unis, en Asie (il y même des bigots bouddhistes qui battent et tuent des gens.. franchement..)

          Des analystes disent que c'est la première fois en 400 ans que la religion a pris tant d'importance. La dernière fois était les guerres de religion en Europe, post-réformation.

          On pense aussi à la récente épidémie d'hommes noirs tués par la police  aux États-Unis. Ces hommes qui portaient pas d'arme, étaient flingués (étouffé pour l'un d'eux) en sang froid. Pendant que j'écris la ville de Baltimore, état de Maryland, est en sang et feu. Les citoyens noirs sont débordés par le racisme, la pauvreté, la discrimination et le harcèlement policier continu. Un autre homme sans arme flingué en sang froid, c'est la goute qui fait déborder le vase, c'est tout..

  

            On dirait qu'on est bien loin de "célébrer nos différences"! On dirait même que la pression monte dans la marmite sociale globale à tel point que ça commence à exploser un peu, ici et là. Des petits éclats. Des vitres brisées, des commerces brûlées, on se défoule. Puis on se calme jusqu'àu prochain éclatement. Peut-être on ne voit que des signes avant-coureurs? Le plus gros est à attendre..? Je n'en sais rien.
 



             Le pire est que ces tendances actuelles nous conduisent dans le mauvais sens, vers plus de confrontation, plus de concurrence pour l'espace vitale et les ressources. Et puis.. la population mondiale continue à croître.

              Nous continuons à gaspiller nos ressources, à la fois les ressources non-renouvelables (pétrole, gaz, charbon..) et - ce qui est criminel, moralement indéfendable - les ressources renouvelables (poissons, forêts, terres arables, biodiversité..) Ces dernières, ressources renouvelables, sont, avec un aménagement adéquat, en principe, non-épuisables. Pourquoi on tolère leur épuisement par la sur-exploitation profiteuse qui ne pense qu'à la petite échéance? Pourquoi les masses ne se soulèvent pas?

              Un petit exemple. La beurre d'arachide que j'achète au supermarché se vend dans des bocaux en plastique fait du pétrole. Le pétrole! Précieux lubrifiant. Même si nous délaissons nos automobiles pour les transports en commun qui roulent sur l'hydrogène nous aurons besoin de lubrifiants pour les faire rouler. (À moins que nous poussions des plantes à huiles lubrifiantes sur les terres arables, laissant des gens crever du faim..) Le pétrole! Précieuse matière primaire pour les industries pharmaceutique et chimique. Pourquoi ce gaspillage idiot d'une matière si précieuse? C'est fou. Mais personne conteste! Pourquoi?

            Est-il possible de "renverser vapeur" en temps de prévenir le désastre?

            Et si la réponse est oui, comment?

Nous, des hypocrites? Nous sommes hypocrites. Tout le monde - ou beaucoup - se disent vert. On est, bien sûr, "pour" un environnement propre et sain, un avenir luisant pour nos petits-enfants, etc. Reste que des Partis Verts ne tiennent pas les rennes de pouvoir - c'est plutôt la ploutocratie des corporations multinationales, les pires pollueurs de l'environnement, qui tiennent les rennes. Pourquoi cet énorme contredire, cet abîme béant entre parole et geste? Pourquoi?

            Ma ville, Montréal, est un bon exemple. Ici, au Québec, on se dit volontiers "vert". On s'en vante même. Néanmoins la population automobile de la ville croît (légèrement) plus vite que la population humaine. Est-ce être vert? Il y loin de la coupe aux lèvres..

           Et pire encore! Dans les rues, on voit pas mal de VUS, véhicules stupides conçus exprès pour consommer plus de matériaux et d'énergie fossile bon marché: obsolescence programmée oblige! (note 2) Faut que les roues le la machine économique tournent de plus en plus vite pour rendre des profits (sinon le profits ne se rendront plus et les investisseurs n'investiront plus). Aujourd'hui, nous - les citoyens - existons pour le marché. Le marché n'existe pas pour nous. Nous sommes devenus des idolâtres de Mammon, démon biblique symbolisant ou incarnant l'avarice.

            Récemment une pensée m'est arrivée (oui, ça arrive parfois!) On entend souvent: la technologie résoudra tous nos problèmes tôt ou tard. Traduction: la technologie nous sauvera de nos folies. Elle est notre Messie!
  
           Cette idée est complètement fausse. Et dangereuse. Il s'avère que la technologie n'est ni le problème (comme croire les technophobes), ni 
la solution (comme croire les chantres béats du Progrès).

            Dans La Méthode, on lit comment la société crée des homme qui créent, à leur tour, la noosphère, le monde d'idées. Le monde d'idées forme, en son tour, les hommes et leur société (y compris la technologie). Le boucle se ferme sur lui-même. La société est comme un être vivant en ce sens: il se créent, se (re-)produit, se maintient contre les fluctuations venant de l'extérieur, etc.

            Dans ce flux, les idées influent sur et trans/forment la technologie qui, à son tour, trans/forme la société.

            Si donc, nous voulons transformer la technosphère pour qu'elle ne détruise pas la nature, il faut apprendre à mieux "programmer" la technologie.

            La technologie ne fait que ce que nous, humains, la programmons à faire.

            Si nous n'aimons pas ce que la technologie fait, il faut changer programmes, c'est-à-dire changer nos valeurs, nos buts, nos façons de faire, changer nos façons de penser qui programment la technosphère.

            Il arrive enfin que la responsabilité tombe sur nous, simples citoyen(ne)s.

             Ce qui impose la question la plus ardue: qu'est-ce que je ferai, moi..

entretien avec le Dr Morin

notes:

1- Edgar Morin: La Méthode (Seuil), 6 tomes C'est le chef d'oeuvre du grand philosophe / sociologue francais. Traité sur l'émergente philosophie, science ou métascience de l'Auto-organisation: l'évolution biologique; l'organisation sociale chez le microbe, l'animal et l'homme; l'évolution des idées et des cultures

http://www.conscience-vraie.info/edgar-morin-la-methode.htm

2- obsolescence programmée:

Stratégie industrielle élaborée dans l'Amérique d'après-guerre, visant à programmer une durée de vie limitée à un produit non consommable dans le but d'en augmenter la fréquence de remplacement. (L'internaute dictionnaire)

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